PORTRAIT. A 27 ans, Claire Baudet vit son rêve de petite fille dans l’eau en incarnant une sirène pour des spectacles dans des aquariums ou des shootings aquatiques.
Quand elle fait son entrée, en tenue de sirène, dans le plus grand bassin de l’aquarium de Paris, une chose est sûre : la magie opère. Elle ondule sa queue de sirène à 8 mètres de profondeur entre requins, raies, harangues et mérous sous les yeux ébahis des enfants et de leurs parents. « Les gens aiment quand la magie et la fiction s’immiscent dans la réalité », raconte-t-elle des étoiles plein les yeux.
Comme un poisson dans l’eau
Elle n’a rien à envier au personnage Disney d’Ariel. Sa longue chevelure blonde brille dans les eaux de l’aquarium. En s’approchant de la vitre, Claire la sirène révèle son sourire angélique et ses yeux d’un bleu océan. « Je vis vraiment un rêve en incarnant ce personnage. Il me permet de vivre pleinement ma passion pour le monde aquatique ». La figure de la sirène l’attire car elle représente la féminité.
L’idée lui est venue il y a 6 ans. A côté de ses études de sociologie à la Sorbonne, elle travaillait dans l’événementiel. En cherchant des thèmes pour des spectacles, elle a choisi de s’orienter vers les sirènes. Elle a toujours été passionnée par la représentation du merveilleux dans le monde réel. Etant donné qu’elle n’a jamais eu de projet professionnel initial, elle s’est essayée aux sciences humaines puis au théâtre. Mais elle s’est découvert une vraie passion avec les sirènes. Elle commence à prendre des cours d’apnée. Plus jeune, elle pratiquait déjà la plongée : « Maintenant je nage mieux avec mon costume que sans », plaisante-t-elle. Elle a le statut d’auto entrepreneur. Très exigeante avec elle-même, elle conçoit ses propres costumes. « Je n’aurais jamais imaginé l’ampleur que cela prendrait ».
La vie de sirène n’est pas de tout repos. Elle baigne dans l’univers merveilleux de la femme poisson au quotidien. Quand elle ne travaille pas à l’aquarium, elle participe à des soirées privées ou pose pour des shootings. Stressée de nature, c’est dans l’eau qu’elle se sent le mieux, elle oublie tout : « J’ai ce besoin d’être dans l’eau tout le temps ».
Pour elle, son métier c’est du sérieux. Lorsqu’elle l’explique à des inconnus elle essaye de le rationnaliser : « C’est un vrai boulot qui nécessite de l’investissement derrière. Il ne s’agit pas seulement de se déguiser pour attirer l’attention » Son copain la soutient depuis le début. Tandis que sa famille était plus réticente au départ car elle ne la prenait pas au sérieux.
L’incarnation d’un mythe
A l’origine, la sirène est un mythe monstrueux. Aujourd’hui, elle incarne une sirène issue d’un monde merveilleux. C’est cette dualité qui l’attire. « La sirène fascine car elle incarne le mystère des océans. Il ne s’agit plus d’une femme fatale qui va noyer les hommes », plaisante-t-elle. En fonction des événements, elle ne se glisse jamais dans la même peau de sirène : « Je n’ai jamais aimé me cantonner à une seule image ». Sa métamorphose commence lorsqu’elle passe les portes de l’aquarium de Paris. C’est devenu une routine pour elle. Première étape : un maquillage prononcé pour accentuer ses traits et avoir bonne mine sous l’eau. Puis, elle enfile sa tenue de sirène. « J’aime côtoyer les animaux marins quand je suis sous l’eau et faire rêver les enfants ».
« Je suis une grande gamine, confie-t-elle. Cela m’aide à savoir ce qui plait aux enfants ». Elle ne leur révèle jamais sa vraie identité pour ne pas « casser la magie ».
Une passion dont elle ne se lasse pas. Si bien qu’elle a choisi d’écrire sa thèse sur « Mythe, symbole et archétype dans les productions Disney », en se recentrant sur le mythe de la sirène. « Ma thèse c’est mon gilet de sauvetage », explique Claire.
Tant que le succès sera au rendez-vous, elle continuera sa profession atypique pour faire vivre le mythe. Et, elle aimerait aussi réaliser un spectacle aquatique sur l’évolution de la sirène.