COUPE DU MONDE. Dans moins d’un mois se disputera la prochaine coupe du monde de football. L’occasion de vous proposer une petite revue des forces en présence, groupe par groupe. Worldzine fait le point sur l’équipe en vogue, la future surprise du chef, la star de ce groupe et le combat de titans de la première quinzaine que tu dois rater sous aucun prétexte. Le tout ponctué d’un pronostic qui peut te faire gagner gros chez les bookmakers -premier degré servi cependant à la pelle. Aujourd’hui, plein phare sur le groupe A dans lequel évolueront la Russie, l’Uruguay, l’Égypte et l’Arabie Saoudite.
La sélection tendance
On ne cessera jamais de valoriser le travail d’orfèvre opéré par Oscar Tabarez. Qui plus est dans un îlot de 3,5 millions d’habitants. Sa Celeste, c’est le chantier d’une vie. Depuis 2007 et la reprise en main d’une sélection délabrée et en manque certain d’expérience internationale, le process a porté ses fruits. Les barrages de 2009 face au Costa Rica, le mondial sud-africain, l’expulsion de Suarez, héros national pour la qualification face au Ghana, la demie d’anthologie face aux Pays-Bas, les réalisations juninhesque de Diego Forlan, la Copa America raflée l’année suivante sont un concentré d’images. Bien des soldats ont prêté foi et vie pour leur sélectionneur. Muslera, le portier de Galatasaray, le stoppeur de métier, Godin, tout juste vainqueur de l’Europa League avec l’Atlético Madrid, Maxi Pereira, et bien évidemment le duo de cannoniers Cavani-Suarez que le monde entier envie à coach Oscar. Aucune autre équipe ne dégage autant de pedigree.
Le jeu, longtemps déployé depuis un 4-4-2 solidement appuyé sur ses ailes, propose dorénavant plus de variations sur du 4-3-3 notamment. Le tout dans un comportement exemplaire, comme le faisait remarquer Tabarez au Guardian en 2014 « Nous avons inversé la tendance [des dernières décennies]. En 2010, nous étions la formation ayant reçu le moins de cartons, bien qu’on ait parcouru le plus de distance sans ballon, et la meilleure défense selon les stats de la Fifa. Et tout ça dans le respect envers nous-même, nos rivaux, les arbitres et le public.» Ce retour au premier plan se résume au seul Garra, une Grinta à l’Uruguayenne, alliage de débrouillardise et ténacité. L’essence même du Maracanãzo, mythifié depuis la victoire de 1950 chez l’ennemi brésilien. Une arme non négligeable pour se sortir des qualifiers sud-américains en beau dauphin de ce dernier, malgré une seconde phase de matches poussive (3 défaites, 2 nuls sur les 7 dernières journées). De quoi fouler les pelouses russes en statut d’underdog.
Le pari de la quinzaine
28 piges qu’on attendait les Pharaons. Le printemps italien 1990 n’avait pourtant pas été porteur de résultats et le retour s’était acté dès les poules. Étonnamment, la formation ne subira aucune valise, joueuse, bien regroupée derrière, pour finalement se plaire à barber lors du match d’ouverture les champions d’Europe néerlandais (1-1). La suite fût moins glorieuse ; un nul miteux face aux Irlandais puis ce lâcher-prise à l’usure contre des Anglais impitoyables à l’image du jeune Gascoigne, virevoltant ce jour-là et passeur pour la tête de Marc Wright.
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Un si faible package souvenirs rend perplexe. Suite à cette seconde participation (après 1934), quatre CAN seront glanées (dont un triplé 2006-2008-2010). C’est toutefois la disette internationale. Malchances d’une part et déboires politiques de l’autre. Le printemps arabe a freiné toute perspective de développement sportif. Surtout que le Caire est un véritable nid de talents.. Une merveille nommé Salah, un bon 10 en la personne d’El-Nenny, gunner déchu, El-Mohamady, latéral droit en Championship à Aston Villa ainsi que le légendaire El-Hadary, 44 ans et toutes ses dents. Afin de tirer le meilleur de ce joli cheptel, la fédération a fait appel en 2015 à Hector Cúper. Gourou gaucho, ce guignard confirmé brilla pour ses loupés que ce soit à la tête du Futbol Club de Valence lors de deux finales de C1, ou aux commandes de l’Inter (Scudetto perdu lors de la dernière journée). L’assurance d’une équipe qui jouera la carte du suspense à fond. Comme un signe annonciateur, le karma du « Capello argentin » a encore fait parler de lui en finale de CAN, l’an passé. Et devinez quoi, il l’a perdu. On ne change décidément pas les bonnes habitudes.
Ce match à jamais gravé dans ta mémoire
Russie-Arabie Saoudite, la diva des ouvertures de mondiaux ? Elle ne manquera pas de sel dans tout les cas, splendide cérémonie d’ouverture, garnies de couleurs, d’artifices, et autres prestations de danse orientale au milieu de l’enceinte rénovée du Loujniki moscovite. A 17h, ce jeudi 14 juin, démarrent les hostilités. Vladimir Poutine jubile depuis les loges, lui qui rafla huit ans auparavant les clés du mondial à la barbe du Bénélux et de la péninsule ibérique. La frénésie du dirigeant russe fait long feu, quand il s’agit de songer aux coûts d’un tel bordel. Au moins 10 milliards d’euros en construction et rénovation dilapidés : une belle surchauffe de la Mastercard en comparaison des 2,8 milliards originellement budgétés. Un petit regard défiant vers Mohamed Ben Salman, dit MBS pour les intimes, prince héritier saoudien, quelques sièges plus loin. Entre rivaux du moyen-orient, on peut se donner du lest pour 90 minutes.
Le fait est, qu’après seulement 10 minutes, VP s’agace, donne l’impression d’étouffer, déboutonne légèrement sa chemise, faisant jaunir le président de la fédération de football, l’inoxydable Vitaly Mutko, assis à ses côtés. Le spectacle n’est pas ce soir au rendez-vous. Le onze russe propose un jeu terne et sporadiquement maladroit. La charge de l’événement dira-t-on.. Face au Brésil en février, la fessée avait été de mise avec un tel poids défensif (résultat 3-0 à la maison qui plus est) avant de se vautrer contre de bien faibles Français (3-1). L’Arabie Saoudite se plaira même à tester la fréquence cardiaque des milliers de supporters russes. Frissons garantis. La dimension scénique et politique d’un tel match ne peut donc pas vous échapper. Et puis pourquoi pas rêver d’une première victoire saoudienne en coupe du monde depuis la World Cup 94. Déjà à l’époque, ils avaient surpris les Belges de Wilmots sur ce déboulé d’Owairan (1-0). Avec moins d’enjeu diplomatique, ça restait moins drôle.
L’homme dont tu vas entendre parler
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Touffe capillaire sans pareil, un sourire ineffaçable, une célébration de but des plus branlantes couplé d’une efficacité diabolique devant les cages. Bienvenue à Mo Salah, la nouvelle coqueluche d’Anfield. Le phénomène vient d’exploser au passage le record de buts en Angleterre avec 32 pions (1 de plus que Shearer et CR7) dès sa première année à Liverpool (44 en tout). En attendant la finale de Champion’s, on ne peut que se prosterner et attendre le festival l’été prochain.
Le déroulé (possible) des poules
Le développé ci-dessus suggère que l’Uruguay se sorte fort bien de ce groupe. Potentiels et expérience feront bonne figure pour deux victoires de rang et un léger craquage en dernier match face aux locaux. Un point, c’est mieux que rien. Et ce point offre ainsi le chapeau de lapin à des Russes 66ème nation mondiale au classement Fifa, malheureusement désarmés. Consolation, ils font mieux que l’Afrique du Sud en 2010, car en plus de ne pas sortir des poules en tant que pays organisateur, ils ramassent le pire total point. Derrière, l’Égypte va se démener pour sortir des poules pour la première fois de son histoire. Deux triomphes face aux Saoudiens et aux Russes dans un match de déglingos, avec triplé de Salah à la clé. Salagol.
1. Uruguay 7pts
2. Egypte 6pts
3. Arabie Sa. 3pts
4. Russie 1pt