FESTIVAL AU PONT DU ROCK. Il cløturait la soirée en beauté. Invité en tête d’affiche du festival maltrais Au Pont du Rock, l’artiste Møme, ou Jérémy Souillart de son vrai nom, a émerveillé la foule. Sur scène, le DJ de 29 ans partage sa musique avec autant d’envie que de talent. Un don pour la musique que le grand public connaît depuis 2016, et la sortie de son premier album – et l’unique pour le moment – Panorama. Pour composer, l’ambassadeur de la chillwave n’a pas besoin de grandes choses : un van, transformé en home-studio, et des routes. Celles de l’Australie pour être précis, ce pays qu’il chérit tant, où est née sa musique.
Pourtant, c’est en Indonésie, que Møme a trouvé l’inspiration pour son nouvel EP fraîchement sorti, Moment I. L’occasion pour Worldzine de voyager un peu avec lui au fil de ses réponses, entre Bali, les Etats-Unis et l’espace. Interview en terre inconnue.
WORLDZINE : Bonjour Møme ! Tu es le dernier de la soirée à fouler la scène du festival Au Pont du Rock. Comment se déroulent tes lives ?
MOME : J’ai plusieurs machines sur scène. J’active des samples, je joue de la guitare, du piano, etc. J’essaie de mettre de l’ambiance comme je peux, en enchaînant mes morceaux.
Cette année, tu as sorti Møment I. Est-ce que tu peux nous en parler ?
Cette année, je compose mon deuxième album, et à côté, je fais plusieurs dates, comme Au Pont du Rock ou à l’étranger. Quand je voyage, je compose. C’est ce qu’il s’est passé pour Møment I, que j’ai créé à Bali, l’un des voyages qui m’a le plus inspiré. J’étais déjà allé en Indonésie il y a un an, et j’avais trouvé beaucoup d’inspiration. J’y suis donc retourné, et ça a donné Moment I : “Canggu” et “When we Ride”
Qu’est-ce qui t’inspire là-bas ?
Je pense que c’est l’énergie qui s’y trouve. Lorsque j’y suis allé pour la première fois, j’étais tombé complètement dingue de ce que j’avais vu, alors que pourtant, j’avais déjà pas mal voyagé avant. Il s’est passé un truc avec la population locale. Alors quand j’y suis retourné, j’ai voulu mettre ma musique en rapport avec la vie à Bali, et les gens que j’ai rencontrés m’ont aidé à recréer cet univers autour de Moment I. J’ai fait une live-session devant le mont Batur, qui est entré en éruption quand j’y étais.
Tout s’est fait humainement : il y a des sons qui m’inspiraient, des personnes qui m’inspiraient. Dans l’un de mes clips, il y a même un discours d’une Balinaise. Elle aimait ma musique et elle était vraiment contente de participer à ce projet. Au final, c’est un monde vraiment différent du nôtre. Ils ne vivent pas de la musique ; pour eux il s’agit d’une expression. Pour moi, c’est un métier. C’était beaucoup de partage, et c’est ça que j’ai vraiment aimé.
Tu as vécu chez l’habitant là-bas ?
Souvent, on a vécu chez l’habitant en effet. Notre but n’était pas d’aller dans les endroits très touristiques, mais plutôt d’être en lien avec la population locale. Ce que j’aime à Bali, c’est le côté pacifiste. Si t’as le bon esprit, tu t’entends très bien avec les locaux. Je suis là aussi pour faire ce que j’aime, et partager ce que j’apprécie, et c’est une manière de le faire. Pendant toute l’année je voyage, et parfois, il y a des endroits où je me sens bien grâce à l’environnement ou aux personnes que je rencontre. Souvent, on me demande ce qui m’a inspiré dans l’album Panorama, je réponds : l’Australie, ses grands espaces et les rencontres que j’y ai faites.
Après Moment I, que peut-on attendre ?
Il y aura un Moment 2 qui sortira sûrement après l’été, et un Moment 3. Ce seront aussi des inspirations, des coups de cœur.
Ton prochain album devrait arriver environ 2 ans après Panorama. Est-ce que tu vas tester de nouvelles choses ?
Il va être différent, carrément ! Je n’ai pas vraiment envie de suivre toujours la même ligne. En ce moment, j’écoute énormément de musique différentes, j’ai des influences de partout, et je compose beaucoup. Sur mon ordi, je dois avoir plus de 50 musiques entières. Il m’est difficile de ressortir dix musiques, cohérentes entre elles, parmi tous ces tracks. Avec le recul, il y avait quelques musiques qui étaient hors sujet sur l’album Panorama. Je n’aime pas me mettre de barrières. Je vais continuer à composer pour l’album et à la fin je choisirai soit les musiques les plus cohérentes entres elles, soit les meilleures musiques. Une vraie bataille intérieure !
Tu reviens d’Amérique du Nord. Comment le public y accueille ta musique ?
J’ai des super retours, c’était juste incroyable. J’ai hâte d’y retourner. Là-bas, je joue dans des petites salles de 500 à 1000 personnes. Ça me rappelle mes débuts en France, mais avec l’expérience acquise en deux ans. Je gagne en confiance. En France, j’ai eu l’occasion de faire d’énormes choses, et franchement ça me fait du bien de quitter ce confort et me mesurer à de nouveaux challenges, à l’étranger. J’aime la diversité.
Pour finir, je voulais revenir sur une photo que tu avais postée en mars sur tes réseaux sociaux, dans un désert californien. Tu comparais ce lieu à la planète Mars. L’espace, ça te passionne ?
Carrément. J’ai vu d’ailleurs que le premier voyage touristique dans l’espace aura lieu en 2022, c’est trop bien ! Je rêve de faire une live session dans l’espace ! Mais physiquement, est-ce possible ? Si quelqu’un le fait un jour, je serais jaloux. J’aimerais être le premier. Ce qui me fascine, c’est le fait que ce soit totalement hors contrôle. L’espace n’est pas fait pour y vivre, ce n’est pas notre environnement, donc on expérimente.
Propos recueillis par Benjamin Aleberteau.